Shântideva
Grand Maître bouddhiste
Shântideva (685-763)
Ce maître indien, un adepte de la tradition de la Profonde Philosophie, est très connu pour être l'auteur de « L'entrée dans la Voie de l'Eveil » Bodhitcharyavatara. Cet ouvrage est un long poème qui couvre tous les aspects de la Bodhitchitta et de la formation mahayaniste. Avant de composer ce texte, Shântideva était considéré par les moines de son entourage comme une personne paresseuse, d'esprit lourd, bonne à rien si ce n'est à manger et à dormir. Les moines décidèrent de s'amuser un peu et lui demandèrent de donner un enseignement sur le Dharma lors d'une fête annuelle parrainée par un des bienfaiteurs du monastère. Shântideva accepta et lorsqu'il prit place devant l'assistance réunie, il demanda à celle-ci si elle désirait entendre un exposé original sur le Dharma ou un de ceux qui lui était déjà familier. Parmi les rires, il lui fut demandé un exposé original. Sa réponse fut « L'entrée dans la Voie de l'Eveil ». Alors qu'il commençait le neuvième chapitre sur la nature ultime du moi et des phénomènes, il s'éleva graduellement de son siège et termina son exposé au-dessus des nuages.
Shântideva était un homme bon. Il entra très jeune au monastère, dans l’idée de faire le bien. Pour que cela puisse servir à tous les êtres. Shântideva était un homme humble. L’opinion des autres sur sa personne ne le concernait pas. Il voyait en eux des gens qui souffraient et qui voulaient être heureux. Ou des gens qui avaient le bonheur de façon transitoire et faisaient tout pour le conserver. Des gens qui faisaient beaucoup d’efforts. Il voyait tout cela et pensait qu’une vie de méditation pourrait leur servir. Il était de tradition bouddhiste et on lui avait appris dans son enfance que méditer pour les autres était la plus grande forme de générosité qui pouvait exister parce que cela pouvait aider les autres à devenir heureux de manière définitive.
Il est entré au monastère de Nalanda, c’était le plus grand monastère bouddhiste de l’Inde de l’époque, et les études y étaient réputées comme étant d’un très haut niveau.
Il fallait se lever tôt le matin, pratiquer de nombreux rituels, chaque jour toujours les mêmes. Il fallait participer aux tâches ménagères, chaque jour toujours les mêmes. Il fallait étudier de nombreux livres. Il n’y comprenait rien. L’étude ne lui plaisait pas. Il n’avait pas de mémoire, n’avait pas de goût pour la manipulation des concepts. Il fallait supporter la compagnie des autres moines qui respectaient sans mot dire cette discipline. Chaque jour. Il trouvait que ces moines ne pratiquaient pas la bonté, à vivre cette existence sclérosée, repliés sur leur nombreux livres.
Il se sentait seul. Il ne voyait plus sa famille. Il n’avait pas d’amis au monastère.
Il était pris dans la vie monastique comme une mouche dans une toile d’araignée. Impossible d’en sortir. Qu’aurait-il fait dehors ?
D’autres que lui se seraient mis à s’enivrer ou à se droguer.
Lui s’est pour ainsi dire endormi.
Il n’allait plus aux rituels, n’étudiait plus, ne voulait rien, ne demandait rien, il était dans la passivité la plus totale. Tout juste allait-il à la cuisine pour se faire ses provisions et manger jusqu’à satiété.
Quand il ne mangeait pas il dormait.
Les moines riaient de lui, le critiquaient parce qu’il ne méditait pas, n’étudiait pas, restait dans son coin sans parler à personne. Il était le vilain petit canard qui faisait scandale et n’avait rien à faire au monastère.
La bonté de Shântideva était en berne.
Il n’aidait personne. Il n’avait personne à aider.
Avec le temps, il était devenu stupide. Et ses compagnons le traitaient d’idiot.
On le traitait aussi de niais car il ne faisait de mal à personne, ne disait jamais de mal de personne, et ne manifestait jamais la moindre idée personnelle.
Etait-il malheureux ? Non, car il ne pensait pas réellement à lui. Il ne voulait rien, donc il n’était pas déçu ni frustré. Il ne rejetait rien, donc il ne détestait pas les autres moines qui le rejetaient. Il n’était pas susceptible et se fichait de ce que l’on pouvait dire de lui.
Pour les autres, il n’avait aucun intérêt sauf qu’il faisait tâche dans le monastère, et cela était devenu irritant pour les moines qui lui manifestaient de l’hostilité en se moquant de lui toute la journée tous les jours comme pour bien montrer qu’ils étaient différents de lui et meilleurs que lui.
Pas un n’auraient eu la moindre compassion ni compréhension pour cet homme qui croupissait dans ce monastère où il n’avait pas sa place et qui pourtant ne disait jamais un mot plus que l’autre.
Ce qui les intéressait était de tirer orgueil de leur science de l’esprit qui ne trouvait pas son pareil dans tous les monastères de l’Inde.
La tradition voulait, à Nalanda, que les grands textes du bouddhisme soient lus de manière continue par les moines qui se relayaient les uns les autres de manière à ce que cette lecture habite même les murs.
Lorsque c’était le tour de Shântideva, il n’y avait personne pour réciter et le moine suivant faisait la récitation à sa place.
Cela durait depuis de longues années jusqu’à ce que l’abbé du monastère vienne le voir et lui dise :» Tu ne participes pas à la récitation, tu ne fais rien : va-t’en du monastère ! ».
Il répondit : « Je n’ai jamais manqué à la discipline, il ne serait pas juste de m’expulser. Je n’ai simplement pas la bonne fortune de pouvoir étudier les sciences ».
Il dit à l’abbé qu’il viendrait la prochaine fois réciter les textes. Son tour devait arriver le lendemain.
L’abbé tenta de l’en dissuader : « Quand les autres étudiaient, toi, tu ne faisais que manger et dormir. Tu ne réciteras pas devant l’assemblée des savants de Nalanda ».
Mais Shântideva tint bon : « Je réciterai ».
L’abbé lui répondit :» Si tu n’y parviens pas, on t’expulsera pour de bon. Tu ferais mieux de changer d’avis.- Cela me regarde », répliqua-t-il.
Lorsque les autres moines apprirent que Shântideva allait réciter, ils éclatèrent de rire : « Demain on va voir réciter Bhusuku ! » disaient-il. C’était le sobriquet qu’ils utilisaient pour le désigner, voulant dire par là qu’il ne faisait que dormir, boire et manger.
Quand vint la nuit, Shântideva se demanda comment il ferait pour réussir l’exercice.
Il pria.
Il n’avait aucun espoir, mais pas de crainte non plus, s’en remettant au Bouddha, au dharma et à la communauté des bodhisattvas.
Dans cette confiance, Manjousrhi lui apparut, avec son épée d’une main pour trancher l’ignorance et le livre de la sagesse de l’autre pour enseigner.
Il lui demanda :» Que fais-tu ?- Demain c’est à moi de réciter,- Est-ce que tu me reconnais ?- Je crains que non…- Je suis Manjousrhi.- Dans ce cas, veuillez m’accorder l’accomplissement de la connaissance parfaite.- Je te donnerai le moyen de l’obtenir ».
Et il disparut.
Shântideva médita toute la nuit dans l’unité avec Manjousrhi.
Le lendemain, lorsque ce fut l’heure de la récitation, dans la grande salle des moines, les moines ainsi que l’abbé et le roi de la contrée vinrent, chargés de fleurs et d’autres offrandes comme le voulait la tradition, persuadés qu’ils allaient se payer une bonne tranche de rire.
Shântideva s’installa sur le trône du temple dont la taille était démesurément grande. Certains se sentirent mal à l’aise.
Il demanda :» Que voulez-vous entendre, un texte qui existe déjà ou un texte qui vient de ma propre inspiration ? ».
Les pandits se regardèrent. L’’assemblée éclata de rire. Le roi lui dit : « Tu manges comme jamais on n’a vu manger ici, tu dors et marches comme personne jamais auparavant. Improvise-nous un discours de ton propre cru… ».
Shântideva déclara :
« Je vais exposer en bref, selon les textes, comment pratiquer les préceptes des bodhisattvas, je n’ai rien à dire qui n’ait été dit avant moi et je ne connais rien à l’art d’écrire. C’est donc sans la pensée d’aider les autres mais pour y accoutumer mon esprit que cette nuit j’ai composé ce qui va suivre. Le courant de ma foi s‘en trouvera quelque temps amplifié, au point que je m’habituerai à cette pratique vertueuse, et ceux qui tomberont sur ces mot pourront en tirer profit, eux aussi, qui ont la même fortune que moi ».
L’assemblée demeura coite.
Il poursuivit :
« Comme un éclair dans la nuit révèle avec éclat ce que les ténèbres voilaient, il arrive exceptionnellement que, par le pouvoir des bouddhas, une pensée méritoire surgisse dans le monde quelques instants. Le bien est donc fragile et le mal toujours si puissant que rien ne lui résiste. Quelle vertu, sinon l’esprit d’éveil parfait, pourrait le terrasser ? Cette vertu de l’esprit d’éveil est la seule utile car elle permet à l’innombrable foule des êtres d’atteindre la félicité suprême sans difficulté. Ceux qui veulent en finir avec les souffrances de l’existence, ceux qui veulent jouir de multiples bonheurs ne devraient jamais renoncer à l’esprit d’éveil. A l’instant même où l’esprit d’éveil naît en eux, les plus misérables des prisonniers de ce monde méritent le nom de « bodhisattvas ». Tenez-le ferme cet esprit d’éveil, vous qui voulez-vous affranchir de toutes les destinées, car, à l’image de l’élixir d’or, il possède la qualité suprême de transformer ce corps impur en corps de vainqueur. Si la seule idée d’enlever, par bonté d’âme, leur mal de tête à quelques êtres apporte d’insondables mérites, que dira-t-on de la volonté de dissiper les insondables souffrances de chacun des êtres en lui apportant d’insondables qualités ? Nos pères et nos mères ont-ils jamais eu pareille bienveillance ? Aucun d’eux jamais ne forma, fût-ce en rêve, pareil désir pour lui-même : comment le ferait-il pour les autres. S’ils ne pensent pas à faire leur propre bien, pourquoi se soucieraient-ils du bien des autres ? L’apparition de ce joyau qu’est l’esprit d’éveil, aussi précieux qu’extraordinaire, est une merveille inouïe. Source de joie pour tous les êtres, voici pour eux un breuvage contre la souffrance : comment pourrait-on mesurer tous les mérites que recèle ce précieux état d’esprit ? Car si la seule pensée d’aider un être est bien plus sublime que d’honorer les bouddhas, que dire de l’effort que l’on fait pour apporter le bonheur à tous sans exception ? Tout en voulant lui échapper, nous nous jetons dans la souffrance : nous aspirons au bonheur mais, par ignorance, le détruisons comme s’il était notre ennemi. L’esprit d’éveil comble de bonheur les êtres privés de bonheur. Il abolit les souffrances de ceux qu’affligent toutes les souffrances ; et il dissipe leur ignorance. Où trouver meilleur ami ? S’il y a quelque vertu au fait de prendre sur sa propre nourriture quotidienne pour nourrir, avec le plus grand mépris, une poignée d’êtres un demi-jour de leur vie, que dira-t-on de celui qui accorde constamment à l’infinité des êtres l’insurpassable félicité des bouddhas et l’accomplissement de tous leurs souhaits ? A tous ceux qui détiennent ce suprême joyau de l’esprit qu’est l’esprit d’éveil, je rends l’hommage de mes prosternations. Je prends refuge dans ces sources de bonheur qui rendent heureux ceux-là même qui leur nuisent ».
L’assemblée était stupéfaite.
Shântideva chanta :
« J’offre aux bouddhas, au saint dharma, joyau immaculé, et aux fils des bouddhas, océans de qualité, fleurs et fruits autant qu’il en existe, tous les joyaux des mondes, toute eau pure et fraîche, de même les montagnes et les pierres précieuses, la paix et la joie des forêts, les essences divines et les multiples fleurs, les arbres sertis de fleurs comme de bijoux, ceux qui ploient sous les bons fruits, les parfums des univers célestes, les céréales qui poussent sans être cultivés, les lacs et les étangs fleuris de lotus et les cygnes aux chants mélodieux, toutes choses inconnues jusqu’aux confins de l’espace immense. Les créant en esprit, je les offre aux bouddhas sublimes et à leurs fils. Dépourvu de mérites, je suis très pauvre et n’ai d’autres richesses à vous offrir, alors protecteurs qui pensez au bonheur des autres, vous qui avez compassion, pensez à moi avec amour et acceptez cette offrande. Si vous m’acceptez complètement, j’aiderai tous les êtres sans peur du monde, je me dégagerai de mes anciens méfaits et n’en commettrai plus d’autres. Que sur tous les joyaux des enseignements suprêmes, une pluie de fleurs et d’autres précieux objets tombent en flots ininterrompus ! A tous les bouddhas qui vont par le passé, le présent et l’avenir, à tous les enseignements et à l’assemblée des bodhisattvas, je rends l’hommage de mes prosternations avec autant de corps qu’il y a d’atomes dans l’univers. Je rends l’hommage de mes prosternations aux abbés, à ceux qui enseignent et aux adeptes de leurs enseignements. Je prends refuge dans les bouddhas jusqu’au cœur de l’éveil ; je prends aussi refuge dans le dharma et dans l’assemblée des bodhisattvas ».
Puis il dit qu’il regrettait toutes les fautes qu’il avait commises dans le passé et s’engagea à ne plus en faire dans l’avenir :
« Au cours de cette seule vie, j’ai perdu autant d’amis que d’ennemis, mais les terribles méfaits que, pour mes amis, j’ai commis se tiennent toujours là, devant moi. N’ayant jamais réalisé que, moi aussi, j’étais promis à disparaître, j’ai commis de multiples actes négatifs par ignorance, attachement et colère. Quand sur mon lit de mort, je serai entouré de mes amis et de mes proches, c’est moi seul qui ressentirai les affres de la vie qui s’éteint. Ô Protecteurs, dans mon inconscience, je n’avais pas imaginé pareille frayeur, et c’est ainsi que, pour cette vie sans durée, j’ai réalisé beaucoup de mauvaises choses. Je prends authentiquement refuge en vous et dans le dharma que vous avez réalisé pour dissiper les frayeurs de cette vie, ainsi que dans la communauté des bodhisattvas. Je vous implore du fond de mon cœur : accordez-moi votre protection. Qui peut me donner de ne pas avoir peur ? Comment échapper à la mort ? S’il ne fait aucun doute que je disparaîtrai, comment puis-je rester tranquille sans souci ? S’il me faut quitter mes proches et mes amis, de même que la vie, pour me rendre seul je ne sais où, à quoi bon les amis, les ennemis ? Comment me libérer pour de bon de la souffrance qui résulte des actes nuisibles ? Voilà l’unique question sur laquelle, jour et nui, devrait se pencher mon esprit ».
« Je me réjouis du bien qui soulage la souffrance, des actes positifs dont l’accomplissement est la cause de l’éveil, je me réjouis pour les êtres qui se sont libérés définitivement de la souffrance. Je me réjouis de l’éveil de ceux qui donnent refuge et du bonheur des bodhisattvas. J’apprécie avec joie l’océan de mérites que représente le vœu de rendre heureux tous les êtres, de même que le bien qu’on leur fait. Les mains jointes, j’implore les bouddhas de toutes les directions d’allumer le flambeau du dharma pour les êtres qu’enveloppent les ténèbres de la souffrance. Je supplie les bouddhas qui veulent passer au-delà de la souffrance de rester dans notre monde pour soulager nos souffrances ».
« Puissé-je être la médecine, le médecin et l’infirmier pour ceux qui sont malades jusqu’à leur guérison ! Puissé-je, en faisant pleuvoir nourritures et boissons, rassasier ceux qui ont faim et soif, et pendant les âges de famines devenir aliment et breuvage ! Puissé-je être l’inépuisable trésor des pauvres et des démunis pour que tout ce dont ils ont besoin se trouve sous leurs yeux ! Que ceux qui me décrient, m’injurient ou me font mal autrement aient la chance d’atteindre l’éveil rapidement ! Puissé-je être le protecteur des êtres sans protecteur, le guide de ceux qui en voyage ont besoin d’un guide, le bac, le navire et le pont pour ceux qui veulent rejoindre l’autre rive ! Puissé-je être une île pour ceux qui cherchent une île, une lampe pour ceux qui veulent s’éclairer, un logis pour ceux qui sont sans abri ! Puissé-je être la source qui pourvoit aux multiples besoins de la foule insondable des êtres et puissé-je ainsi pourvoir aux besoins des êtres jusqu’aux confins de l’espace, en tout lieu et en tout temps, jusqu’à ce qu’ils aient tous atteint l’éveil sans exception ! De même que les bouddhas ont engendré l’esprit d’éveil et observé graduellement les préceptes des bodhisattvas, moi de même pour le bien des êtres j’engendre l’esprit et je respecterai graduellement tous ces préceptes ».
« A présent, ma vie a porté tout son fruit. J’ai acquis une bonne existence humaine, et me voici bodhisattva ! Désormais ce que j’entreprendrai sera en accord avec la famille des bouddhas ! Tel un aveugle qui trouve un joyau dans un tas d’ordures, j’ai, par un pur hasard, conçu l’esprit d’éveil. Il est le grand soleil qui chasse les brouillards de l’ignorance. Ô voyageurs des mondes qui parcouraient les voies du devenir en aspirant à jouir du bonheur, vous avez devant vous le bonheur suprême ! Aujourd’hui en présence des protecteurs, j’invite les êtres à accéder à l’éveil : que tous ceux qui m’écoutent se réjouissent ! ».
Puis lorsque Shântideva dit : « Quand réel et irréel ne se présentent plus à l’esprit, et en l’absence de toute autre possibilité, voici l’apaisement, libre de tout support, de toute cause, de tout objet », il s’éleva dans le ciel, de plus en plus haut. Il termina son enseignement dans les airs, invisible, sa voix seule pouvant être perçue.
L’assemblée s’exclama : « Cet homme n’est pas un bhusuku, c’est un sage ». Elle lança des milliers de fleurs dans l’espace. Parce qu’il avait apaisé la superbe du roi et des pandits, c’est à ce moment-là qu’on lui donna le nom de Shântideva, ce qui veut dire « dieu de paix ».
On lui demanda de devenir l’abbé du monastère. Il refusa.
Abandonnant sa robe, son bol et ses effets de moine au monastère et aux trois joyaux, il s’enfuit à l’insu de l’abbé et des autres moines.
Il alla vivre dans les montagnes où il faisait apparaître des animaux puis les tuaient.
Le roi de cette contrée vint le voir et lui dit : « Vous avez converti et les savants de Nalanda pour les établir sur la voie de l’éveil. Ici vous avez rendu la vue aux aveugles. Ceux qui sont doués de vos pouvoirs auraient-ils pour tradition de torturer des animaux ? ».
Shântideva répondit qu’il n’avait pas tué ces animaux et qu’ils étaient vivants.
Il ouvrit la porte de sa cabane : toutes les bêtes s’y trouvaient, deux fois plus grosses qu’auparavant. Elles sortirent et se dispersèrent dans la vallée.
Le roi et ses accompagnateurs eurent foi en lui. Ils comprirent que les choses fonctionnaient comme en rêve et qu’elles n’existaient pas réellement. Ainsi se trouvèrent-ils sur la voie de l’éveil et du bonheur pour toujours, conformément aux souhaits altruistes de Shântideva.
Celui-ci chanta :
« Les animaux que j’ai tués ne venaient de nulle part ; ils n’existaient nulle part et nulle part ne sont partis. Rien n’existe réellement. Tueurs et tués n’existent pas. Hélas, les autres me font de la peine. Voilà ce que Bhusuku avait à dire ».
Toute la population de la contrée se convertit.
Cent ans plus tard, Shântideva partit dans son corps pour les champs de l’espace.
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